Coutumes et pandémies
Séraphin Matata Wa Matoto est couturier à Uvira en République démocratique du Congo. Il illustre par ses propos, le conflit entre les obligations coutumières et les prescriptions sanitaires mises en place pour lutter contre le Covid-19. Selon lui, il y a deux sortes de deuil : celui d’une personne éloignée, comme un voisin, pour lequel on peut choisir de venir aux obsèques ou non et celui d’une personne proche, comme un membre de la famille, pour lequel on se doit d’être là, quoi qu’il en coûte. La tradition veut que le sage de la famille donne un discours à la foule rassemblée. Or les mesures sanitaires empêchent les attroupements. Notre intervenant déclare que l’obligation coutumière est plus forte pour lui que les mesures barrières : lorsque son frère est mort du choléra, il a touché le corps et il ne lui est rien arrivé. A son age, il n’a plus peur de rien.